Depuis longtemps, les supporters des clubs marocains et passionnés de la Botola constatent que la majorité des clubs souffrent de crises financières récurrentes. Certains évoquent un manque de subventions, tandis que d'autres pointent du doigt des revenus limités. Pour trouver des solutions durables, il est essentiel de comprendre le contexte historique et les raisons de cette situation persistante.
Si l'on revient aux années 1912-1956, dans la zone gouvernée par le régime français, on remarque l'existence de clubs, d'équipes de soldats et de délégations françaises. Leur objectif principal était le loisir, le bien-être et la promotion d’une pratique sportive chez les Marocains, afin de les attacher à eux. Cependant, à partir des années 1935, avec la création des premières équipes purement marocaines, telles que le Stade Marocain, le KAC (Kénitra Athletic Club), le WAC (Wydad Athletic Club) , etc., une nouvelle dynamique s'est installée. Ces clubs, fondés par des nationalistes marocains, avaient une vocation politique et résistante. Ils étaient financés par des nobles et des notables marocains, profondément attachés à leur patrie, comme Seddik Mkinsi, Ahmed Souiri, Mohamed Benjelloun Touimi et d'autres.
Au nord du pays, sous un régime international plus modernisé et développé, des clubs participaient à différentes divisions espagnoles tout en restant liés aux villes marocaines. Dès 1919, deux clubs emblématiques ont émergé, affirmant leur attachement au Maroc : le Maghreb Al Aksa (Tanger) et le Moghreb Athletic de Tétouan. Cette période, marquée par l'absence d'instances publiques, était caractérisée par un objectif non sportif : la création de clubs composés exclusivement de Marocains ou portant le nom du Maroc.
Cette dépendance aux subventions a laissé des séquelles. Entre 1986 et 2007, le sport marocain était en désordre, et le football, en tant que sport le plus populaire, était au centre des critiques. Malgré les exploits continentaux des clubs et les performances internationales (3 participations à la Coupe du Monde et une finale de la CAN en 2004), les dirigeants n’ont pas su diversifier les revenus. Ils se sont appuyés sur les subventions, les collectivités territoriales et les dons. Avec l’évolution de l’écosystème sportif et économique, ces sociétés ont changé de stratégie, exigeant un retour sur investissement. Pourquoi financer des clubs en crise, sans crédibilité ni résultats ?
En 2008, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a adressé un discours clair et incisif lors des Assises Nationales du Sport à Skhirat. Parmi les priorités, le financement du sport a été mis en avant. Cependant, les dirigeants étaient déjà dépassés, notamment par les clubs égyptiens qui avaient pris de l’avance dans ce domaine.
Aujourd’hui, les défis sont nombreux. Les dirigeants tentent d’exploiter le sponsoring, la billetterie, tout en restant attachés aux subventions et dons. Le passage au statut de société anonyme, bien que prometteur, se heurte à l’absence de décrets réglementaires clairs. Comment un président peut-il gérer à la fois une association et une société ? Comment attirer des investisseurs étrangers alors que les lois ne permettent pas à un étranger d’investir dans une association ? Ces incertitudes nuisent à la crédibilité du Botola.
Le Maroc accueillera des événements majeurs comme la CAN en 2025 et la Coupe du Monde 2030. Pourtant, nous n'avons pas encore trouvé de solutions durables pour garantir une Botola réellement professionnelle. Comment parler de naming des stades, de merchandising ou d'amélioration de l’expérience des fans, alors que nous ne parvenons pas à garantir la stabilité financière des clubs ?
Le temps presse, et la Botola doit impérativement se professionnaliser pour relever ces défis.